La fenaison des anciens

Temps lourd et chaud. Comme dans une ancienne pub de gel douche, on attendait avec impatience l’arrivée d’une pluie rafraîchissante ! L’orage est passé cette nuit, très vite et pas très mouillé. Ce matin, ouverture des portes et fenêtres pour grappiller un peu de cette fraîcheur.

Une odeur d’herbe mouillée assaille les narines. Cette herbe destinée à donner du bon foin, foin qui sera fauché, séché et récolté dans de bonnes conditions : tout un art ! Et c’est ce bon foin qui gardera encore, un an plus tard, le délicat bouquet des herbes de la prairie.
Avez-vous déjà vu une prairie au printemps, lorsque l’herbe commence à pousser ? On dirait un grand tapis vert ; plus tard, des fleurs de toutes sortes lui donnent un aspect riant …

La prairie naturelle

Les prairies naturelles sont celles qui produisent le foin. Les plantes qui y poussent sont de plusieurs sortes ; elles mûrissent avant d’être coupées, leurs graines tombent sur la terre et donnent naissance à de nouvelles plantes. De cette façon, une prairie, une fois établie, se reproduit d’elle-même, c’est pourquoi on l’appelle la prairie naturelle.

La plupart des plantes sont des graminées, des plantes analogues aux céréales, dont les fruits sont rassemblés en épis plus ou moins serrés ; le fromental, qu’on appelle encore avoine élevée, le ray-grass : on les rencontre surtout dans les endroits secs et le foin qu’ils donnent est dur, de qualité inférieure ; la houque laineuse, la fétuque des prés, le vulpin, le pâturin, la fléole, donnent un foin excellent, auquel la flouve odorante ajoute un parfum agréable.

Le plus souvent il faut établir une prairie. Pour cela, on commence par choisir un terrain, à proximité d’un ruisseau ou d’un cours d’eau ; on le laboure plusieurs fois, on le débarrasse de toutes les mauvaises herbes qui s’y trouvent, on lui donne une bonne fumure, puis on y sème des graines de graminées, choisies parmi les meilleures. On y ajoute souvent des graines de trèfle et d’une autre plante fourragère, la minette.

Il importe de ne pas prendre des graines dans les greniers à foin. Elles pourraient donner naissance à des plantes comme le plantain ou la renoncule qui ne fournissent pas de bon foin.

chevaux

Le foin

Lorsque la prairie est établie dans un terrain médiocre ou trop sec, on n’obtient qu’une herbe rare, trop courte pour pouvoir être fauchée ; c’est alors un pâturage ; les animaux de la ferme y viennent brouter l’herbe sur place.

Si la prairie est bien arrosée, l’herbe est haute et drue ; on peut alors la couper une première fois ; lorsqu’elle est séchée, elle produit le foin ; elle repousse alors, et à la fin de l’été on peut la couper une seconde fois ; on a alors du regain. Parfois aussi on se contente de faire pâturer par les bestiaux l’herbe qui a repoussé.

À quel moment coupe-t-on les herbes de la prairie ? Au mois de juin – juillet, lorsqu’elles sont bien hautes et presque toutes fleuries.

Autrefois, on se servait d’une faux. Cette herbe fauchée ne doit pas être rentrée immédiatement car elle ne tarderait pas à pourrir ; il faut la laisser sécher. Pendant deux ou trois jours, on la retournait avec des fourches de bois (le fanage). Le soir, on ramassait l’herbe avec des fourches et des râteaux et on en faisait de petites meules, que l’on défaisait le lendemain pour les exposer de nouveau au soleil.
Une fois le foin bien sec, on le chargeait sur des charrettes et on l’entassait dans le fenil de la ferme.

fenaison-03La fenaison en 1958 (collection privée)


La prairie artificielle

Il ne pousse qu’une seule espèce d’herbe, de la luzerne par exemple. Une prairie de trèfle, de sainfoin, ne fournit sa récolte que pendant une année. Après la récolte, on laboure la terre et on y cultive une autre plante. Au contraire, une prairie de luzerne dure plusieurs années ; la luzerne, après sa première coupe, repousse rapidement et on peut avoir, dans la même année, plusieurs récoltes d’une fourrage excellent.
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On fait souvent consommer « en vert » les plantes fourragères des prairies artificielles. Mais lorsqu’on veut les convertir en foin, il importe de prendre quelques précautions. On ne les fane pas comme celles des prairies naturelles ; on se contente, lorsqu’elles ont été coupées, de les retourner deux ou trois fois.

Dans ces plantes, les parties les plus nutritives sont les feuilles ; si on les secouait trop fort, les feuilles se détacheraient facilement, et il ne resterait plus que les tiges qui formeraient un fourrage de moins bonne qualité.

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