Avez-vous la patate ?
|Il ne s’agit pas de l’expression « avoir la patate » qui signifie être en pleine forme ou posséder une énergie époustouflante. Et pourtant …
La pomme de terre est bonne à tout faire, elle peut même sauver la planète !
On sait que cet humble tubercule a été sollicité à plusieurs reprises à travers l’histoire afin de lutter contre des situations de famine. Et le XXIe siècle compte encore plus de 920 millions d’affamés dans le monde, soit environ une personne sur sept, selon les estimations de l’ONU.
La pomme de terre est le quatrième aliment le plus consommé de la planète, après le riz, le maïs et le blé. Elle supporte aussi bien un climat tempéré que tropical et est riche en sucres et en vitamine C. Elle peut être cultivée sans labours et, ne faisant pas l’objet d’échanges mondiaux, elle est moins touchée par l’envolée des prix alimentaires.
La pomme de terre a un gros potentiel, bien qu’elle ne soit pas la panacée à tous les problèmes d’alimentation de la planète.
Un peu d’histoire
De la famille des solanacées (comme la tomate et l’aubergine), la pomme de terre a été domestiquée il y a plus de 7000 ans au bord du lac Titicaca, dans la cordillère des Andes. Les Incas cultivaient les tubercules en terrasses, ce qui leur permettait de produire 10 tonnes par hectare. 200 espèces sauvages de pommes de terre ont été répertoriées sur le continent américain et au fil des siècles, leur sélection a débouché sur 5000 variétés.
Au 16e siècle, les conquistadors ramènent la pomme de terre en Europe. Ses fleurs étant très belles, elles séduisent les rois qui les cultivent pour leur beauté. Mais les tubercules sont ignorés et jetés aux cochons !
Et le périple de la patate continue. Les marins emmènent des tubercules sur leurs bateaux comme rations et les font connaître en Inde, Chine et Japon.
Lors de la famine des années 1770, l’importance de la pomme de terre s’impose. Le roi de Prusse, Frédéric le Grand, ordonne sa culture et en France, Antoine Parmentier prouve que le tubercule est comestible.
Sous Napoléon, la pomme de terre devient une culture de base en Europe. Elle s’est adaptée au climat tempéré mais elle devient vulnérable aux ravageurs et aux maladies.
Entre 1844 et 1848, le mildiou dévaste les champs de toute l’Europe, mais cette moisissure de la pomme de terre affecte dramatiquement l’île de l’Irlande et affame la population, causant un million de morts.
Au XXe siècle, la pomme de terre devient un produit mondial. Des variétés plus résistantes ont été mises au point. La Chine est le premier producteur mondial, devant la Russie, l’Inde, l’Ukraine, les USA et l’Allemagne.
En 2005, pour la première fois, sa production dans les pays en développement dépasse celle du monde occidental. Aujourd’hui, plus d’un milliard de personnes mangent chaque jour des patates.
Dans les Andes, où tout a commencé, le gouvernement du Pérou a créé, en 2008, un registre national des variétés « indigènes », afin de préserver le riche héritage de la pomme de terre, comme leurs couleurs, leurs textures et leurs saveurs. Une salade de pommes de terre peut être composée de trois ou quatre variétés !
La pomme de terre est le légume le plus populaire dans le monde entier et elle occupe une place de choix dans l’art culinaire de tous les pays.
Quelques recettes internationales (soupes, salades, plats et desserts)
La pomme de terre en Alsace
Dès la fin du 16e siècle, la pomme de terre a fait son apparition en Alsace. Mais, comme ailleurs, son tubercule est considérée, dans un premier temps, comme un « fruit » grossier plus propre à la nourriture des animaux qu’à l’alimentation des hommes.
De 1724 à 1730, on cultive la pomme de terre dans les environs de Strasbourg, et à la faveur du triomphe qu’elle avait obtenu dans la capitale alsacienne, elle se répand dans les autres parties de la province. Ainsi l’Alsace se nourrissait de la pomme de terre plus d’un demi-siècle avant que le courage de Louis XVI la met à l’honneur à Paris, en décorant publiquement sa boutonnière de la fleur du « pain des pauvres ».
Sources :
– Wikipedia
– Article de Pascal Fleury, « Contre la faim dans le monde, la patate », histoire vivante, la Liberté, 2008
– Le site alliancesud.ch
– Journal d’agriculture pratique, Alexandre Bixio, octobre 1846