04 – La période mérovingienne

Après avoir relu les trois premiers articles de l’historique du Sundgau, je remarque que notre région fertile a été souvent convoitée. La suite logique est l’installation des rois mérovingiens, dont on se rappelle uniquement leur surnom, les « rois fainéants ».
Mais à y regarder de plus près, avant la venue des Francs, plusieurs invasions de peuples germaniques eurent lieu.
Revenons dans le contexte. La fin du 4e siècle est une période de transition. Les Romains sont encore présents. Mais devant les flots de plus en plus importants et fréquents d’envahisseurs germaniques et malgré quelques batailles victorieuses, les Romains abandonnent définitivement nos régions vers 450.

En 407, après avoir forcé le passage du Rhin, une trombe de peuples, formée surtout de Vandales, de Suèves et d’Alains, déferla sur la Gaule, emportèrent les places fortes romaines. Que ces passages se soient accompagnés de nombreuses violences, on n’en doute pas. On a même cru jadis que la population gallo-romaine avait été presque entièrement exterminée ou chassée du territoire. Cette opinion se basait sur l’implantation massive des noms de lieux germaniques, évinçant souvent les noms gallo-romains.

Les Alamans

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En 451, les Huns et leur chef Attila envahit la Gaule ! De son passage dans notre région, la tradition légendaire seule y fait allusion : le nom des Huns aurait survécu dans le nom de Huningue !
C’est après l’invasion des Huns, semble-t-il, qu’une dernière immigration massive d’Alamans se produisit.

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Ils s’établirent dans les plaines et au pied des collines pour en cultiver la terre. Plusieurs noms des villages sundgauviens sont d’origine germanique – alamane. Les plus anciens noms remontent au 5e siècle, se terminent par –ingen et sont formés par le nom d’un chef ayant fondé l’agglomération (Froeningen, Galfingen, Grentzingen, Hirsingen, Haesingen, la terminaison –ingen a donné en français –ingue, sauf pour Froeningen).
Divisés en tribus (une tribu était composée de familles qui descendaient d’un aïeul commun), ils s’organisèrent en villages. Chaque membre disposait de ses propres terres. Certains terrains parfois étendus, tels que pâturages et forêts étaient utilisés par tous. Dans certains villages sundgauviens, les vieux parlent encore de terrains « àlamand » (soit « alle Man », à tout le monde, ou venant des « alamans »…)

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Les Alamans étendirent leur domination sur l’Allemagne du Sud, le nord de la Suisse et sur l’Alsace jusqu’à la porte de la Bourgogne.

Les Francs
À la fin du 5e siècle, les Alamans se heurtèrent à l’irrésistible expansion d’une autre tribu germanique, les Francs. En 496, lors de la grande bataille de Tolbiac, Clovis, roi des Francs, emporta la victoire. L’Alsace fut détachée de l’Alamanie et les Francs s’installèrent dans le pays gaulois conquis. Toutefois, les Francs se contentèrent de la soumission des Alamans vaincus, envoyèrent des guerriers et des fonctionnaires et occupèrent les endroits importants. Mais l’Alsace resta, par sa population, sa langue, son caractère, un pays alamanique.

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guerrier franc

Le Sundgau partagea le sort de toute l’Alsace : il fit partie dès lors du royaume des Francs et sera englobé, pour un temps, dans la partie Est de l’Empire franc, l’Austrasie.
Avec Clovis, roi des Francs, commença la période des Mérovingiens.

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Les Mérovingiens

Clovis, après sa victoire en 496 à Tolbiac, annexa le territoire des Alamans à son royaume. La loi salique (règles de succession) partagea à la mort du souverain ses possessions entre ses fils. C’est ainsi que l’Alsace se trouva rattachée au royaume d’Austrasie, puis, à la fin du 6e siècle, à la Burgondie.

Sous les rois mérovingiens, le christianisme, décimé par les invasions, se réimplanta dans nos régions, prêché par des moines irlandais ou écossais, comme Saint Colomban. Les nombreuses églises dédiées à Saint Martin, particulièrement vénéré par les Francs, prouvent la faveur qu’ils accordèrent à l’évangélisation.

De cette époque datent des tombes alamaniques-franques trouvées dans le Sundgau, parfois sous forme de sarcophages, à Rixheim, à Pfastatt, à Tagolsheim, ainsi qu’à Illfurth, Heidwiller, Magstatt, Froeningen, Wittersdorf, Hirsingue, Eschentzwiller, Durlinsdorf et Ballersdorf.

Quant aux toponymes en « HEIM », ils témoignent de l’implantation franque comme Uffheim, Didenheim, Zillisheim…

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Dégénéré, le pouvoir mérovingien des rois fainéants s’effondre peu à peu au cours de la seconde moitié du 7ème siècle pour laisser place à la dynastie suivante, celle des Carolingiens.

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Sources :
L’histoire de l’Alsace – de la Préhistoire à nos jours, Philippe Dollinger, Raymond Oberlé, saep, 1985
Des outils pour l’histoire de l’Alsace, Grégory Oswald, Alsace-Histoire, 2009
Le Sundgau à travers les âges, Paul Stintzi, Alsatia, 1975

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