03 – La conquête romaine

Détaillée dans notre précédent article « Arioviste et les invasions germaniques« , la dernière bataille qui s’engagea entre Jules César et Arioviste à l’Ochsenfeld (près de Cernay) en 58 avant J.C. se termina par la victoire des Romains et de leurs alliés gaulois.

Et les peuplades gauloises de notre région (les Séquanes et les Rauraques) n’allèrent pas tarder à connaître les véritables intentions de Jules César. Comme tous les Gaulois, ils allaient subir la loi de ce dernier, après sa victoire sur Vercingétorix.

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Pour cinq siècles, le Sundgau, comme toute l’Alsace, allait s’intégrer à l’empire romain.
Après leur conquête de la Gaule, les Romains placèrent leurs légions le long du Rhin. En même temps, ils peuplèrent de Germains alliés toute la rive gauche du fleuve, de l’Helvétie à la mer du Nord.
Recrutés par les envahisseurs romains, ces tribus germaniques alliées devaient former une barrière contre les nouvelles tentatives d’incursion. De ce fait, de la fin du 1er siècle au milieu du 3ème siècle, le Rhin cessera d’être une frontière, le temps que durera l’occupation romaine outre-rhin.
Sur le plan administratif et militaire, les Romains avaient réparti leur vaste empire en différentes provinces : le Sundgau fit partie de la Germanie Supérieure avant son rattachement sous Dioclétien (empereur 284 à 305) à la Provincia Maxima Séquanorum.

Les voies romaines

Le Sundgau possédant une position stratégique (situé entre Vosges et Rhin), il fut traversé par plusieurs routes romaines (pavées afin d’être utilisées par tous les temps). L’une de ces routes, venant du sud de la Gaule par Lugdunum (Lyon) passait par Epomanduorum (Mandeure près de Montbéliard) où elle se divisait en deux. L’une d’elles, passant par Wittelsheim, se dirigeait sur Mons Brisiacus (Brisach). L’autre traversait le Sundgau et rejoignait Cambete (Kembs). Une route partant d’Augusta-Rauracorum (Augst) se dirigeait le long du Rhin vers Colonia Agripina (Köln – Cologne).

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À côté de ces grandes routes romaines, nous en trouvons également d’autres de moindre importance. Notamment une voie partant d’Arialbinum (Binningen près de Bâle) qui suivait le talus des collines jurassiennes du Sundgau, croisait la route Vesontio (Besançon) – Cambete au carrefour de la Hochkirch au nord de Sierentz, pour se diriger sur Uruncis (Illzach).

La « Route du Sundgau » traverse Delle, Friesen, Hirsingue, Tagsdorf, Sierentz pour aboutir à Kembs. Une autre route passe par Soppe, Pont d’Aspach, Schweighouse pour mener à Brisach. La « Route du Rhin » quant à elle, longe le fleuve de Huningue à Brisach par Kembs. Enfin, la « Route du Jura » est une voie romaine venant du Pays de Porrentruy, longeant les premiers chaînons du Jura par Courtavon, Koestlach, Vieux-Ferrette, Bouxwiller, Oltingue, Hagenthal et Hégenheim avant d’aboutir dans la région bâloise.
Parmi les stations romaines, citons Larga (Friesen), Wittelsheim, Hirsingue, Koestlach, Sierentz et des villes comme Steinbrunn.

De nombreuses trouvailles faites dans nos villages sundgauviens attestent de cette période de notre histoire.

Au bord de ces routes se développèrent des constructions souvent groupées. Ainsi, la colonisation romaine se retrouve aujourd’hui encore dans les noms de certaines localités.
Les toponymes terminés en WILLER seraient autant d’habitats colonisés par les Romains.

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Vestiges de l’époque gallo-romaine
À Sierentz, on a dégagé un important ensemble de bâtiments commerciaux, artisanaux et militaires, entouré de fossés, ainsi qu’une nécropole d’une cinquantaine de tombes. On a également trouvé une station routière (Vicus) à Friesen et à Rantzwiller. Les reliefs faiblement accidentés ainsi que la fertilité du sol ont favorisé l’installation de grands domaines dans le Sundgau. Citons les villae de Habsheim et de Steinbrunn-le-Haut ou encore celle de Koestlach. D’autres vestiges romains ont été signalés à Bretten, Burnhaupt-le-Haut, Brunstatt, Spechbach, Balschwiller, etc.

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La Larga
Larga est situé sur la table de Peutinger, entre Epumanduodurum (Mandeure) et Cambete (Kembs).

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En 1900, après avoir reconnu l’emplacement de cette voie dans sa traversée de la vallée de la Largue, entre Friesen et Ueberstrass, l’archéologue Karl Gutmann entreprit une campagne de fouilles à Friesen, à l’endroit où la voie romaine enjambait la Largue. Il dégagea les restes d’une villa rustica (domaine rural) édifiée au cours de la deuxième moitié du 2ème siècle, transformée, à la fin du 4ème siècle, en camp fortifié et détruite au début du 5ème. (En savoir plus, site alsatiae.wordpress.com)

La population
La Haute-Alsace était peuplée essentiellement de Rauraques, dont le centre était la cité de Augst (Augusta Raurica), site visible à 10 km de Bâle. Il y eut également une immigration non négligeable en provenance du sud de la Gaule (Gaule Narbonnaise et Lyon). Et à toutes les époques, des légionnaires retraités furent installés dans le pays. Enfin, à partir du 3ème siècle, des éléments germaniques, les Alamans surtout, prirent pied dans la province.
La population gauloise était soumise au droit des pérégrins*, le plus défavorisé, qui l’écartait de toute participation à la vie politique. La classe privilégiée était celle des citoyens romains.
* définition sur wikipedia

La langue
Longtemps, on a admis que la langue latine s’était imposée à la population entière pendant les quatre siècles de domination romaine. Mais aujourd’hui on pense que la langue celtique se serait maintenue dans de larges secteurs et aurait encore subsisté durant les premiers siècles du moyen âge.

Pax romana
On imagine que l’Alsace bénéficia durant quatre siècles de la « paix romaine » et que sous la protection des légions la civilisation a pu se développer régulièrement. Que nenni ! En réalité, on assiste à une continuelle alternance entre des périodes de stabilité (dépassant rarement 50 ans) et des troubles dévastateurs résultant d’invasions ou de séditions militaires. Après la mort de Néron (+68), une révolte de grande ampleur entraîna la destruction par le feu de la plupart des agglomérations alsaciennes.
Il est important aussi de signaler que ce sont les Romains qui ont introduit chez nous la culture de la vigne et des arbres fruitiers ainsi que la fabrication des tuiles.

Au 2ème siècle, le christianisme pénétra en Haute-Alsace.

christianisme

Sur le plan administratif et militaire, les Romains avaient réparti leur vaste empire en différentes provinces : le Sundgau fit partie de la Germanie Supérieure avant son rattachement sous Dioclétien (empereur 284 – 305) à la Provincia Maxima Séquanorum.

À partir du milieu du 4ème siècle, les invasions des peuples germaniques, talonnés par les Huns, ne cessèrent plus et tous les efforts pour les arrêter restèrent vains. La domination romaine s’effondra définitivement durant la première moitié du 5ème siècle.
Sources :
L’histoire de l’Alsace – de la Préhistoire à nos jours, Philippe Dollinger, Raymond Oberlé, saep, 1985
Des outils pour l’histoire de l’Alsace, Grégory Oswald, Alsace-Histoire, 2009
http://docpatdrac.hypotheses.org/jep-2013/jep2013-15-koestlach-mackwiller
http://alsatiae.wordpress.com/2011/11/17/le-castel-de-larga/
http://www.coucoulasuisse.com/augusta-raurica.html

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