Torture des sorcières

Sous la torture des juges inquisiteurs, les pauvres femmes accusées de sorcellerie avouaient tout ce qu’elles « devaient » avouer !
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Il ne faut pas oublier que l’existence des classes rurales, du 14e au 17e siècle, était triste et misérable. Ecrasés d’impôts, soumis en temps de paix aux vexations seigneuriales les plus odieuses, et, en temps de guerre, la peur de perdre leur peu de bien sinon la vie !

Le Diable, le Malin, le Démon, Satan, Lucifer, der Teufel, peut importe le nom qu’on lui donne, s’adressait surtout aux femmes.
La preuve ? Les inquisiteurs ont écrit de nombreuses pages pour expliquer ce fait. Méprisant la femme (comme on le faisait partout au Moyen Age) et pensant que « ces créatures femelles » étaient inférieures aux hommes en intelligence et en volonté, ils étaient persuadés qu’elles cédaient plus facilement aux impulsions mauvaises. Certains inquisiteurs constataient aussi que les femmes possédaient plus d’endurance pendant les tortures et sur le bûcher, ce qui, forcément, démontrait qu’elles étaient « soutenues » par le Diable !

Le fouet, les brûlures, le pilori ou par exemple la torture de l’eau : attachée sur une planche, la tête à un niveau plus bas que le reste du corps, on déversait de l’eau dans la bouche. Sauf une confession très rapide, la victime mourait simplement d’asphyxie.

Et sous la torture, elles approuvaient n’importe quelles suggestions de leurs bourreaux. Marguerite Tscheibler, de Fulleren, en 1589, avoua qu’étant malheureuse et battue par son mari, elle accepta l’aide du diable pour se débarrasser de son époux et, oui, pour sceller ce pacte, elle s’est donnée à lui.

Le Malin leur apparaît souvent aussi peu repoussant que possible. Normal, pour tenter il faut séduire, ou inversement ! Il adopte l’extérieur d’un homme vigoureux, jeune encore, revêtu de drap fin, en soie ou en velours. Quelquefois, il emprunte l’apparence d’une personne connue. (Anne Freyburger, de Fulleren, en 1589, avoue que le diable lui est apparu sous l’extérieur d’un voisin, Jean Kempff, avec lequel elle avait déjà trahi plusieurs fois son mari).

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N’oublions pas que l’inquisiteur devait prouver les méfaits de la femme accusée de sorcellerie. Pour ce faire, il suivait à la lettre le Malleus maleficarum.
L’envie des richesses, la soif des plaisirs, l’attrait du fruit défendu, le désir de se faire craindre par un pouvoir mystérieux qui l’emporte sur la foi religieuse, tout cela sera « prouvé » par les aveux faits lors des séances de torture !
Il règne un certain fatalisme dans les aveux de la plupart des accusées. En racontant leur séduction, beaucoup déclarent avoir répondu aux sollicitations et aux menaces du diable, par cette phrase : « Si cela doit être, eh bien que cela soit ! » (wenn es sein müsse, müsse es halt sein).

Voici quelques conseils pour une première interrogation d’un suspect (par l’inquisiteur Nicholas Eymeric, dans Directorium Inquisitorium) :

[L’inquisiteur se doit de se comporter de façon amicale et comme s’il connaissait déjà toute l’histoire. Il doit jeter un coup d’œil à ses papiers en disant : « Il est évident que vous ne me dites pas la vérité ». Ou bien, il peut prendre un document en main et feindre la surprise en annonçant : « Comment pouvez-vous me mentir à ce point alors que ce rapport contredit tout ce que vous m’avez raconté ? » Il doit ensuite continuer : « Confessez-vous simplement, vous voyez bien que je sais déjà tout ».]

Sous la torture, et pour avoir enfin un peu de répit et de repos, ces pauvres femmes avouaient tout ce qu’on voulait leur faire dire !

Et, ironie du sort (c’est le cas de le dire !), une fois que toutes les accusations des inquisiteurs étaient avouées, elles étaient condamnées au bûcher comme sorcières.

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Sources :
– La sorcellerie en Alsace aux 16e et 17e siècles, Rodolphe Reuss (1871), réédition 1987 – Editions du Rhin.
– Wikipédia : malleus maleficarum

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