La sorcellerie en Alsace

Passionnant et en même temps effrayant, la sorcellerie a souvent été abordée durant les longues veillées d’hiver. Quand nos aïeuls parlaient de sorcières et de pratiques de magie noire, les enfants s’arrêtaient de jouer et ouvraient leurs oreilles en grand !

Et même au 21e siècle, nous sommes toujours attentifs à ces anecdotes, certes un peu bizarres, qui se colportent de village en village. L’insolite, l’inexplicable, et surtout le fantastique, ont toujours fasciné et intrigué.
Il y a quelques siècles, pour se débarrasser physiquement d’une personne sans en être inquiété, le prétexte de sorcellerie fut certainement ce qui se fit de mieux en la matière !
iSundgau s’est attelé à la lourde tâche de vous faire découvrir quelques histoires sur la sorcellerie en Alsace. Au fil des semaines, vous découvrirez plusieurs articles dans notre rubrique « Sorcellerie en Alsace » concernant ce sujet.

Les sorciers sont-ils encore parmi nous ? La question est posée…

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Le Marteau des Sorcières (Malleus Maleficarum)

Jusqu’au 14e siècle, les récits de sorciers et sorcières étaient considérés comme des mensonges et l’Église opposait la fermeté de la foi à l’imagination perverse des serviteurs du diable. Sous Charlemagne, la peine de mort était prévue pour ceux qui brûleraient de prétendues sorcières.

Mais la fin du Moyen Âge vit naître de grands bouleversements dans les esprits.
La Caroline, le code de procédure criminelle de Charles Quint, stipule que le juge ne peut condamner que lorsque la preuve du délit résulte de l’aveu. Les juges du Saint Empire romain germanique obtiennent ainsi le droit « d’arrêter et de torturer ceux qui usent d’enchantements, livres, amulettes, formules, etc. » et de faire brûler tous ceux qui se rendent coupables de telles pratiques.

Le crime de sorcellerie devient un crime de lèse-majesté divine, le plus abominable des péchés aux yeux de l’Église.

Connaissez-vous « le Marteau des sorcières » ?

Le « Malleus maleficarum » (Le Marteau des sorcières) a été le bréviaire des chasseurs de sorcières pendant deux siècles à travers toute l’Europe.

Commandé et approuvé par le pape Innocent VIII en 1484, ce livre, le plus terrifiant jamais publié, a été rédigé en 1486 par deux dominicains, Jacob Sprenger provincial de l’ordre de Strasbourg et Heinrich Kraemer, alias Henry Institoris, prieur du couvent de Sélestat.
Publié à Strasbourg, le « Malleus maleficarum » connut trente éditions durant les deux siècles que dura la chasse aux sorcières, malgré son interdiction par l’Église catholique dès 1490.
Il est d’ailleurs encore réédité !
On y relève une phrase une phrase capitale : « La pire des hérésies est de ne pas croire à la sorcellerie » !
Eh oui, c’est en Alsace qu’est né ce livre, véritable mode d’emploi de la chasse aux sorcières, car il détaille très minutieusement l’art et la manière de les débusquer, de les interroger et bien sûr de les juger et de les punir. Les auteurs insistent aussi lourdement sur l’aspect licencieux des rapports sexuels que les sorcières auraient avec les démons.
Et pendant 200 ans, on tortura et brûla des milliers de victimes, principalement des femmes car, est-il écrit « celles-ci sont plus faibles et plus soumises à la tentation que les hommes ».

Les historiens estiment qu’on a brûlé trois ou quatre femmes pour un homme. L’inquisition a rendu légal les plus affreuses tortures. Le moindre soupçon, la rumeur la plus invraisemblable suffisaient pour intenter un procès : superstition, jalousie, désir de nuire, mais aussi névrose et hystérie firent des ravages !
Chaque ville avait son Malefizgericht (tribunal des maléfices), mais évidemment, aucun avocat n’était autorisé à défendre les victimes. D’ailleurs, le simple fait de vouloir défendre une sorcière était déjà suspect !
On peut estimer à environ cinq mille victimes de la chasse aux sorcières en Alsace.
Cet ouvrage « Le Marteau des sorcières » est même mentionné dans le Da Vinci Code !
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Sources :
Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Malleus_Maleficarum
Les grandes affaires criminelles d’Alsace, par Laurent Lallemand (De Borée Editions)

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