Le passé du Haut-Rhin

haut-rhin-carteLes délimitations de notre département ont souvent changé au cours de l’histoire.
Après la Révolution, lors de la nouvelle division du territoire français, en 1790, le département du Haut-Rhin fut formé de la Haute-Alsace et du Sundgau (sauf la petite république de Mulhouse, alliée de la confédération helvétique et qui ne fut incorporée dans le Haut-Rhin que plus tard, par la loi du 11 Nivôse an VI – 31 décembre 1797).
Une loi du 28 Pluviôse VII (17 février 1800) a réuni au même département celui du Mont-Terrible, composé de la principauté de Porrentruy, du pays d’Erguel, de la prévôté de Moûtier-Grandval et de Bellelay, ainsi que d’une partie de la principauté de Montbéliard. A cette époque, le Haut-Rhin avait atteint sa plus grande étendue ; il se prolongeait jusqu’à Neuveville sur le lac de Bienne et comprenait environ 603.000 hectares.
Le traité de paix, conclu à Paris le 30 mai 1814, rendit à la Suisse les arrondissements de Porrentruy et de Delémont et les cantons de Montbéliard et d’Audincourt furent réunis au département du Doubs.

Après la défaite de 1871, le Haut-Rhin fut annexé par l’Allemagne (traité de Francfort), sauf la partie française qui deviendra le Territoire de Belfort. Pendant toute cette période allemande, il fut nommé « Bezirk Oberelsass » (district de Haute-Alsace).
En 1919, il redevint français (traité de Versailles).
De 1940 à 1944, pendant la nouvelle occupation allemande, le « Bizirk Oberelsass » fut rétabli.
En 1960, le Haut-Rhin est rattaché à la région Alsace.

Retour vers le passé
Notre petit pays, le Sundgau, composé de plusieurs cantons, a fait l’objet d’une description très détaillée il y a quelques années. Cette description date un peu, bien sûr… L’historien alsacien, Jean-Frédéric Aufschlager, s’est attelé à cette tâche en… 1826.
Retournons donc un peu en arrière… Disons, un peu plus de 2 siècles.
Je ne résiste pas à citer un paragraphe du livre de l’historien, paragraphe intitulé « Mœurs et coutumes ».
« Jusqu’au temps de la révolution, les habitants originaires de la Haute-Alsace avaient un certain caractère national. Les mœurs et le genre de vie de l’habitant des villes, de l’agriculteur, du vigneron, du montagnard présentaient à l’observateur des différences marquantes. Aujourd’hui les choses ont changé. Les bouleversements, opérés par la révolution dans toutes les conditions, se sont fait sentir jusque dans les vallées les plus isolées, jusqu’aux cimes des montagnes.
Toujours encore on perçoit quelques traces du caractère primitif des habitants, la loyauté, la franchise, la fermeté, l’amour d’une liberté légitime, l’attachement aux vieux usages, l’obéissance aux ordres du gouvernement, le courage de défendre leurs droits, leur patrie et leur souverain ; mais quelles modifications ce caractère n’a-t-il pas éprouvées par l’influence du siècle et des événements !
Les fréquentes mutations de la forme du gouvernement et de la législation ; les mouvements innombrables que chacune de ces révolutions a causés dans tous les rapports sociaux ; les sentiments souvent opposés que les dépositaires du pouvoir, qui se succédaient rapidement, cherchaient à inspirer au peuple ; les visites importunes des troupes étrangères ; l’établissement d’un grand nombre de manufactures qui ont fait changer l’industrie de direction, créé des ressources pécuniaires inconnues jusqu’alors, et attiré dans le pays des milliers d’ouvriers étrangers ; l’anéantissement de plusieurs branches de commerce autrefois florissantes, telles que le commerce de vin ; la création des contributions indirectes qui excitent à la fraude et à la contrebande ; l’indifférence en matière de religion d’un côté, le zèle ranimé des vrais et des faux dévots de l’autre côté ; la lutte des partis politiques ; la présence de beaucoup de Français de l’intérieur que des charges publiques ou d’autres motifs ont attirés dans le pays ; toutes ces causes ont influé soit avantageusement soit désavantageusement sur les mœurs et les coutumes des habitants. »

Écrit en 1826, ce texte regorge également d’informations truculentes sur la manière dont vivaient nos ancêtres.
« Après le travail, l’habitant du Haut-Rhin recherche les plaisirs ; son humeur naturelle est la gaieté. La danse et la musique sont les amusements d’hiver ; en été l’on visite en bandes joyeuses les vieux châteaux en ruine ou les métairies qui se distinguent par un site agréable. Le cultivateur visite le dimanche ses terres ou bien il se repose des travaux de la semaine, dans les cabarets. En quelques endroits la jeunesse s’exerce au tir. Les fêtes patronales, appelées « Kilbe » dans le langage populaire, attirent toujours beaucoup de monde dans les villages où elles sont célébrées. Des danses, des jeux et des repas bruyants en font les principaux divertissements. »

Comme quoi, il n’y a rien de neuf sous le soleil. Entre les joies de la politique et les festivités, notre cœur balance toujours.

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Source : Nouvelle description historique et topographique des deux départements du Rhin, Jean-Frédéric Aufschlager, tome second, 1826.

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