Le château de Landskron

chateau-landskron-01Le château du Landskron a connu de nombreuses péripéties. Il a tenu vaillamment pendant le tremblement de terre de 1356 qui a détruit Bâle, a servi de base pour les opérations militaires des Suisses en 1468, a été remanié par Vauban et est devenu un des postes clés de la nouvelle frontière du royaume de France, a servi de garnison à des compagnies d’invalides et de prison d’Etat, avant de finir en ruines en 1814. Et le donjon ne fut épargné que grâce à l’intervention du curé du village voisin qui réussit à convaincre l’envahisseur de garder intact un symbole de sa victoire !

Depuis 1984, l’association franco-suisse pro-Landskron s’occupe de la restauration et la mise en valeur du château.

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Où se trouve-t-il ?
Le château occupe le milieu d’une crête calcaire dominant Leymen au sud-est, à 559 m d’altitude, à proximité immédiate de la frontière franco-suisse. Ce sommet constitue incontestablement un point stratégique. En fait, cette crête fut occupée par deux, voire trois châteaux : Le Landskron au centre, l’Alt-Landskron et le Reineck aux extrémités.

 

L’historique du château
Les origines du Landskron sont incertaines. Aucun indice, si ce n’est la découverte, déjà fort ancienne, de monnaies romaines, ne permet de parler avec certitude d’une occupation du site du Landskron qui soit antérieure au Moyen Age.
La thèse la plus communément admise est que ce sont les évêques de Bâle qui furent les premiers possesseurs de l’ancien château. Walter Röteln occupa le siège épiscopal de 1213 à 1215. Comme on lui reprocha de dilapider le patrimoine de l’évêché au profit de sa famille, il est bien possible que ce soit lui qui profita de sa position pour faire passer à l’un des siens, la colline et le château qui se trouvait, qui, d’ailleurs, ne portait pas le nom de Landskron.

 

L’apparition du Landskron dans les textes
Le château du Landskron a été érigé vers 1297 par le comte Thibaut de Ferrette. La colline sur laquelle il s’élève, portait alors le même nom que le château en ruine qui s’y trouvait, c’est-à-dire « Reineck ». Le comte cherchait à cette époque à agrandir ses territoires en direction de la vallée de la Birse et l’implantation d’un château à cet endroit lui permettait de disposer d’un avant-poste de premier plan.
Il donna en fief la colline ainsi que les deux châteaux, l’ancien et le nouveau, aux chevaliers de Witztum qui s’engagèrent en contrepartie à en laisser toujours le libre accès au comte et à ses gens.
Mais Thiebaut n’était pas seul à avoir des droits sur les châteaux qu’il possédait concurremment avec les seigneurs de Röteln dont les vassaux pour le Landskron étaient les Munch. A la suite d’un conflit, le comte de Ferrette fut cependant vaincu et dût reconnaître aux protégés des Röteln le droit d’être les seuls vassaux du Landskron, en 1299.
On ignore de quel droit les Ferrette avaient pu construire un château à cet endroit ; il est possible qu’il s’agissait au départ d’une construction illégitime sur un terrain que le comte ne possédait pas ; cette pratique était courante, surtout durant le 13e siècle, période troublée par de nombreux conflits.

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Les Munch, vassaux du Landskron
La lutte entre les Ferrette et les Röteln pour la domination du Landskron s’était donc fait par vassaux interposés : les Witztum pour les premiers, les Munch pour les seconds. Ce sont ces derniers, les Munch, qui l’emportèrent et ils furent inféodés du château pendant près de deux siècles (1267-1461). Il s’agissait d’une famille de ministériels qui se divisa, durant le 13e siècle, en cinq branches dont celle qui nous intéresse prit le nom de Landskron. Elle débuta avec Heinrich, fils de Konrad, et compta cinq générations jusqu’au décès du dernier, Jean, en 1461.
Leur position fut encore renforcée lors de l’extinction des comtes de Ferrette en 1324, auxquels succédèrent les Habsbourg qui n’avaient plus aucune raison de leur contester leurs droits.
Leurs protecteurs, les Röteln, avaient déjà disparu en 1316 et furent remplacés par les Margraves de Hochberg-Sausenberg.
C’est également sous les Munch que le Landskron eut à souffrir, en 1356, du tremblement de terre qui dévasta Bâle toute proche. Le Landskron y survécut.
Dès 1430, Burkart Munch céda les droits de sa famille sur le Landskron, au chevalier Jean de Flaxlanden dont le fils les transmit à son tour, en 1444, à Rodolphe de Ramstein. Celui-ci décéda en 1459, sans postérité mâle, de sorte que c’est son bâtard, Jean Bernhard, qui vendit le Landskron, le 11 septembre 1461, pour 3800 florins, à Pierre Reich de Reichenstein.

 

Le Landskron sous les Reich de Reichenstein
Cette famille de nobles détenait de nombreux fiefs. Dès 1467, le Landskron fut inféodé par Pierre Reich de Reichenstein à ses enfants encore mineurs. C’est la même année qu’éclata la Guerre des Six Deniers qui opposa l’Autriche aux Confédérés venus envahir le Sundgau pour soutenir la ville de Mulhouse, leur alliée. La forteresse fut investie le 21 janvier 1468 par les Soleurois, lesquels y établirent une base pour les opérations militaires.
Le Landskron fut à nouveau convoité par les Soleurois quelques années plus tard, durant la Guerre des Souabes de 1499, la dernière qui opposa l’Autriche aux Confédérés.

A partir de 1515, Urs Jacob Reich de Reichenstein fit transformer le château pour en faire une forteresse moderne, adaptée aux armes à feu. Son intérêt stratégique en tant que poste frontière était apparu aux archiducs durant la Guerre des Souabes, et il est vraisemblable que le tremblement de terre ainsi que les guerres avaient dû causer d’importants dommages au château. C’est pourquoi l’empereur Maximilien alloua à Jacob une subvention de 1400 florins et permit que l’on emploie les pierres provenant de la ruine voisine du Reineck.
Les travaux se poursuivirent sur plusieurs décennies et l’allure du château qui en résulta est connue grâce à une peinture qui est exposée dans la chapelle des Reich de Reichenstein du couvent de Mariastein, tout proche. (Il s’agit d’un ex-voto représentant les divers épisodes de la chute accidentelle, en 1542, de Jean Thuring qui survécut miraculeusement ; la forteresse du Landskron ne constitue que l’arrière plan de la scène.)

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Une fois rénovée, le Landskron devint un des plus puissants châteaux de toute la région, et tous les Reich en firent leur résidence habituelle. Cependant, les charges financières importantes nées de ces travaux furent sans doute la raison qui poussa les Reich, à partir de 1569, à entamer des négociations avec les Bâlois en vue de leur vendre la forteresse. Les tractations échouèrent à cause de l’opposition de l’archiduc d’Autriche qui ne pouvait pas tolérer une telle amputation de ses territoires.

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Le Landskron pendant la Guerre de Trente Ans
En 1639, le Landskron passa sous le contrôle des Weimariens et en 1648, la partie autrichienne fut officiellement dévolue au roi de France. Il sera confirmé définitivement comme possession française en 1663, lors du rachat par Louis XIV des droits des Margraves de Bade qui avaient succédé à ceux de Hochberg.

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Le Landskron devient une forteresse française
Dès lors, le Landskron devînt un des postes clés de la nouvelle frontière du royaume de France, le seul conservé. En 1673-74, il servit de base avancée contre les Impériaux et résista victorieusement à une armée de 3000 hommes. La forteresse fut ensuite considérablement remaniée par Vauban qui établit en outre des ouvrages avancés sur toute la crête.
Alors que les autres châteaux-forts alsaciens étaient voués à l’abandon ou à la destruction, le Landskron fut le seul, avec le Lichtenberg au nord de la province, à être non seulement conservé, mais modernisé.
Mais bientôt concurrencé par la place-forte de Huningue qui avait eu l’avantage de pouvoir être bâtie sur un site vierge, la forteresse finit par servir de garnison à des compagnies d’invalides et de prison d’Etat pour des personnes incarcérées davantage pour cause de démence que pour des motifs politiques. Les études menées par le baron Maurice de Reinach tendent à démontrer le caractère plutôt détendu de la vie des occupants du château, tant officiers que détenus. Ce rôle de prison semble avoir continué sous la Révolution.

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Le landskron en ruine
La dernière aventure militaire du château lui fut fatale ; en 1814, il fut démantelé par les Autrichiens, commandés par le Général Wrede, après avoir résisté un certain temps grâce à la défense de quelques dizaines de conscrits et de vétérans qui s’y trouvaient. Le donjon ne fut épargné que grâce à l’intervention du curé du village voisin qui réussit à convaincre l’envahisseur de garder intact un symbole de sa victoire !
La forteresse fut rachetée en 1857 par la famille de Reinach, ce qui lui évita de servir de carrière de pierres. Depuis, plusieurs campagnes de restauration furent entreprises avec efficacité, avec l’appui des propriétaires. Citons aussi la tentative de « mise en valeur » touristique, en 1970, avec clôture et lâcher de singes qui aurait dû mettre la ruine à l’abri des actes de vandalisme tout en permettant une collecte de fonds. Dix ans plus tard, cette expérience fut abandonnée et la ruine fut fermée au public pendant plusieurs années.
Le 20 octobre 1984, la ruine fut cédée par la famille de Reinach à une association franco-suisse ayant pour projet de la restaurer et de la mettre en valeur. Le dernier projet à avoir vu le jour: l es tables d’orientation récemment inaugurées.

 

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Vidéo « Château de Landskron » de Guy Schivy

 

Source : brochure « Le château du Landskron » écrite par Maître Raymond Claerr

 

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