La grotte des nains

Cette légende se rattache aux environs de Ferrette et est très connue de tous les Sundgauviens.
Ci-dessous, la version de la légende telle qu’elle est parue dans la « Revue d’Alsace » en 1851.

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Il y avait un temps où la Caverne des Loups (Wolfshöhle), située à quelque distance de Ferrette et enfoncée dans les rochers de la Heidenflüe, était habitée par une peuplade de nains.

Ils y avaient des chambrettes taillées dans le cristal de roche et tous les meubles étaient d’argent. Chacune de ces chambrettes était occupée par un couple de nains, homme et femme. Tous ceux qui les avaient vus étaient émerveillés de la beauté de leurs traits et surtout de l’éclat particulier de leurs yeux qui brillaient comme des étoiles. Ils n’avaient point d’enfants et jouissaient d’une jeunesse éternelle. Souvent ils prenaient plaisir à descendre dans la vallée et à entrer dans les habitations dispersées çà et là sur les flancs de la montagne, et leurs voix douces et mélodieuses cherchaient à imiter le langage des pâtres et des laboureurs qu’ils venaient visiter.

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C’était surtout au temps de la moisson qu’on les voyait sortir en foule de leurs riches demeures souterraines. Armés de leurs faucilles, ils venaient se placer au milieu des paysans, que leur présence remplissait de joie et d’espérance. Aussi ceux-ci se montraient-ils plein de reconnaissance envers les nains et ne manquaient-ils pas de les convier à leurs rustiques festins et à leur servir tout ce que cuisine et cave pouvaient fournir d’excellent.

Une chose cependant paraissait étrange aux hommes, c’étaient les longues robes que portaient les nains et qui empêchaient les curieux d’en voir les pieds. Quelques jeunes filles de la vallée ne pouvant réprimer plus longtemps l’envie de savoir quelle forme avaient ce pieds, résolurent un jour de surprendre le mystère des nains.

Elles se rendirent donc, au lever du soleil, à la Caverne des Loups et, après avoir couvert de sable le plateau de pierre qui se trouvait à son entrée, elles se cachèrent dans les broussailles, pensant que lorsque les nains feraient leur promenade matinale dans la forêt pour y boire les gouttes de la fraîche rosée et sucer le doux miel renfermé dans le calice des fleurs, leurs pieds ne manqueraient pas de laisser des traces dans le sable.

Dès que le soleil jeta ses premiers rayons sur les rochers de la Heidenflüe, les nains parurent à l’entrée de la grotte, et ne se doutant nullement de la malice des paysannes que la curiosité avait rendues si ingrates, ils traversèrent le plateau pour descendre dans la forêt.
Mais à peine les jeunes filles eurent-elles aperçu que les nains laissant dans le sable des traces de pieds-de-chèvres**, qu’elles partirent d’un grand éclat de rire.

Les nains se retournèrent tout étonnés, et se voyant trahis, ils se retirèrent dans leur caverne pour n’en plus jamais sortir.

** D’autres versions représentent les nains avec des pattes d’oie ou de canard.
Source : Revue d’Alsace, deuxième année, Colmar, 1851, tiré d’un article de Auguste Stoeber, régent au Collège de Mulhouse

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