Mulhouse, ancienne ville libre
|La ville de Mulhouse (Mühlhausen) a eu pour origine un moulin construit sur les bords de l’Ill. Ce moulin est mentionné pour la première fois au 8e siècle.
Du 13e siècle jusqu’au 18e siècle, la cité du Bollwerk était une ville libre et indépendante. (Bollwerk signifie bastion et la tour est un vestige des anciennes fortifications).
Au moyen-âge l’importance d’une ville dépendait des franchises dont elle jouissait. Et Mulhouse en offre un exemple frappant. Aucune localité alsacienne n’a eu autant de libertés que cette ville.
Depuis Rodolphe de Habsbourg (13e siècle), Mulhouse était une ville libre et indépendante. Les anciennes villes impériales étaient des auxiliaires fidèles contre les empiètements des grands vassaux ou contre les foudres du Vatican et les empereurs des 12e et 13e siècles conçurent et réalisèrent ces villes refuges et remparts de liberté, dotées de privilèges exceptionnels. Elles ne tardèrent pas à se peupler (aux dépens des localités dépourvues des mêmes avantages) et devinrent elles-mêmes des puissances redoutables.
Et c’est avec un grand soin que ces villes privilégiées conservaient leurs titres constitutifs dont la perte pouvait remettre en question les libertés dont elles jouissaient.
Mulhouse en 1642, d’après Mérian (clic pour agrandir)
Quelques exemples :
Les pouvoirs du schultheiss (prévôt), seul représentant du pouvoir impérial dans ces villes. A Mulhouse, son pouvoir était restreint. Il ne pouvait arrêter un citoyen sans jugement ; il ne pouvait nommer aux emplois publics que des personnes choisies par le conseil de ville. Enfin, le schultheiss devait nécessairement être un bourgeois établi dans la ville. Et de ce fait, il devenait beaucoup plus l’homme de la ville que l’homme de l’empereur !
La ville de Mulhouse reçut aussi le privilège d’avoir des mesures particulières pour le vin et le blé, d’admettre au titre de bourgeois qui bon lui semble, et surtout, le droit très important de se donner à elle-même des lois.
Les bourgeois de Mulhouse avaient le droit de posséder des fiefs, de ne pas être arrêtés sans jugement, de ne pouvoir être cités en justice ailleurs que dans Mulhouse, étaient affranchis des charges communes et avaient la haute main dans l’administration.
Et surtout, leur domicile était l’objet d’une protection toute spéciale. Quels que fussent les moyens employés par un bourgeois pour défendre son domicile (grande violence ou même meurtre), il n’en devait compte ni au juge ni à personne !
Hôtel de Ville – construit en 1552
Pourtant, en 1798, la France aurait pu s’emparer facilement, et d’une manière expéditive, de ce petit coin de terre, mais la République française respectait dans celle de Mulhouse une sœur aînée … Le conseil de la ville se prononça presque à l’unanimité pour l’intégration à la France : sur 666 votants, 15 bourgeois seulement se prononcèrent pour garder cette liberté conquise par leurs ancêtres. L’acte de réunion à la France fut signé le 9 pluviôse an VI (28 janvier 1798) et accordait la qualité de citoyen français aux habitants de Mulhouse et autorisait ceux qui ne voudraient pas l’accepter à se retirer en Suisse ou ailleurs.
Sources :
Histoire des villes de France, Volume 6 par Aristide M. Guilbert
Curiosités d’Alsace, Volume 1, par C. Bartholdi