Origine de Colmar
|Troisième ville d’Alsace, après Strasbourg et Mulhouse, Colmar entre dans l’histoire en 823, lorsque Louis le Pieux, fils de Charlemagne, donne à l’abbé de Munster une partie de forêt située dans le domaine royal sous le nom de « Columbarium ». La naissance et l’étymologie de Colmar, la plus reconnue, est donc romane et signifie « colombier ».
Ravagée par un incendie en 1106, Colmar se développera au Moyen Âge et deviendra une ville impériale au 13e siècle.
Mais il y a d’autres propositions émises quant à l’origine et l’étymologie du nom de Colmar. Dans l’introduction du livre « Chronique de Colmar » de J. Liblin datant de 1867, l’auteur nous fait part de divers résultats de ses recherches.
– A l’endroit le plus élevé de la ville, il y aurait eu aux premiers temps de la domination romaine dans les Gaules, un temple dédié au dieu Mars ; d’où le nom de Collis Martis, et, par transformations successives, Colmar.
– Quelques-uns avancent que le territoire de Colmar aurait été une forêt vigoureuse où l’on aurait fabriqué et vendu du charbon de bois ; d’où Kohle (charbon) et Markt (marché), et donc par contraction Kolmar.
– D’autres trouvent l’origine du nom de Colmar dans l’interprétation du nom de Columbarium, nom qu’on trouve dans de nombreuses anciennes chartes. Ce mot signifie aussi une nécropole où des niches étaient creusées pour recevoir les urnes funéraires. Un cimetière gaulois aurait donc existé là où est située Colmar et lui aurait transmis son nom ? Suggestion non confirmée, aucune nécropole n’ayant été trouvée.
– D’autres encore pensent que le nom lui vient des ramiers qui peuplaient les forêts du territoire et plus probablement du colombier de la maison du roi. (Cette étymologie rejoint celle la plus communément admise).
Toutes ces thèses s’appuient sur les variations d’orthographe qui caractérisent la dénomination de Colmar dans les titres, chartes et divers documents qui ont été consultés pour écrire l’histoire de la ville. On y trouve en effet : Columba, Columbra, Columbaria, Columbarium, Cholupurum, Cholumbare, Cholambur, Colobur, Colmir, Colmere, Kolmere, d’autres variantes encore et enfin Colmar.
Par ailleurs, Beatus Rhenanus (écrivain et avocat humaniste né à Sélestat en 1485) suppose qu’une famille noble de Colmaringen aurait donné son nom à Colmar qui se serait aussi appelé autrefois Colmaringia. Mais aucune preuve ne viendra confirmer cette allégation.
Au 19e siècle, plusieurs écrivains et essayistes prétendirent que Colmar est sortie des ruines d’Argentouaria (Horbourg), détruit au 5e siècle par les invasions germaines (406-415) et que c’est donc de la dernière moitié du 5e siècle que daterait l’existence de Colmar.
Mais les deux grands historiens de l’Alsace, Schoepflin et Grandidier* n’ont jamais admis que la ville de Colmar soit sortie des ruines d’Argentouaria. Ils pensaient que c’est aux Francs qu’il faudrait faire remonter cette origine, c’est-à-dire au commencement du 6e siècle, sans pouvoir justifier cette assertion.
Sceau des bourgeois de Colmar SIGILLUM COLUMBARIENSIUM CIVIVM . Il est peu connu et fort ancien (1214). Il porte pour emblème un animal assez fantastique qui pourrait bien être un lion surmonté de trois objets qui sont peut-être des masses d’armes. (Curiosités d’Alsace, volume 1, année 1861, p. 112)
*Schoepflin, historien alsacien (1694-1771)
*Grandidier, historien et archéologue (1752-1787)
Source : « Chronique de Colmar » par J. Liblin, année 1867
Pour aller plus loin…
L’auteur de « Chronique de Colmar » a résumé, par ordre chronologique, tous les documents qui ont trait à l’histoire de Colmar, depuis l’an 58 à l’an 1400. Citant les sources où il a puisé chaque article, on comprend comment cette localité est sortie graduellement de son humble origine, pour prendre ensuite rang parmi les villes impériales.
C’est d’abord l’élément ecclésiastique qui surnage à la chute de l’empire romain. Les églises et les monastères ont succédé à la villa, à la courtine, le hoff. Peu à peu on voit poindre des bourgeois, on entrevoit leur administration communale. Un bourg, une ville s’établit. Elle se crée des droits basés sur la coutume, sur les usages du temps. On constate la lutte que cette ville naissante eut à soutenir contre la noblesse. Ce sont les bourgeois et le peuple qui créent et organisent la ville, et les nobles qui cherchent à les dominer.
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