Villages disparus (entre Colmar et le Sundgau)

Entre les guerres, les épidémies, la famine et le fameux tremblement de terre de Bâle, les villageois du Sundgau n’ont pas été épargnés. Et ces cataclysmes entraînèrent la ruine et la disparition de nombreux villages.

Comme l’article paru dans la « Revue d’Alsace » éditée en 1858 comprenait les villages disparus en Haute-Alsace, nous avions scindé cette énumération en plusieurs parties. Les villages disparus dans le Sundgau ont fait l’objet de deux articles (premier et deuxième).

Ci-dessous, nous vous listons les nombreux villages ruinés entre Colmar et le Sundgau.

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Villages disparus (Haute-Alsace, hors le Sundgau)

Liste établie par Christophorus dans la Revue d’Alsace, neuvième édition, année 1858.
Adolsheim, village détruit entre Ensisheim, Ruelisheim et Battenheim. M. Mercklen, dans son histoire d’Ensisheim, appelle ce village Adolheim ou Bavolsheim.

Alschwiller et Alratzwiller. Au 15e siècle, ces deux villages sont cités comme formant deux paroisses. L’orthographe des deux noms s’est constamment maintenue distincte, de sorte qu’il s’agit bien de deux villages, quoique l’on ne sache plus ce que le second est devenu, ni où il était situé. Quant au premier, on sait qu’il a été détruit au 14e siècle, par les Anglais, et que les habitants se réfugièrent à Soultz. La butte de St-Georges, situé au canton dit Orschwillerburg, corruption d’Alschwillerburg, à un kilomètre de Soultz, indique encore l’emplacement de ce dernier village.
Alschwiller, au 13e siècle, s’écrivait Aliswilre ou Alswilre en 1268.
Alratzwiller, à la même époque, s’écrivait Alrichiswilre ou Alriswilre, d’après un règlement colonger d’Issenheim de 1382.

Altenheim, près de Zellenberg. Détruit au commencement du 13e siècle. Le territoire en a été partagé entre Beblenheim et Zellenberg. Cependant, les habitants en ont été, pour la plupart, transportés à Zellenberg. Du temps de Schoepflin (18e siècle) on voyait encore la fontaine, indice d’anciennes habitations. Un renouvellement des rentes de la cour franche de Zellenberg, de 1568, appelle ce territoire « le ban commun ».

Bernhausen, Berinhuson est cité entre Ruhunlewa et Mietersheim, sur les confins de la Hart, dans un titre de 1004. Dans un autre titre de 1040, cet endroit est appelé Bernhuson.

Bieterlingen, à l’ouest d’Oberhergheim et de Niederhergheim. Au 14e siècle, l’abbesse d’Erstein y possédait une cour colongère.

Birlingen, à mi-chemin entre Cernay et Steinbach. Au 18e siècle, il y avait encore une église et deux habitations. Il y avait autrefois un prieuré et un pèlerinage. La statue miraculeuse de la Vierge, qui s’y trouvait, est aujourd’hui à l’église paroissiale de Cernay. – Berling, 1576 (Speckel).

Birsen, près de Huningue, sur l’emplacement de Saint-Louis. Cité sur l’autorité de la topographie d’Ichtersheim.

Bleyenheim, près de Gundolsheim. Dans un cartulaire de l’abbaye de Murbach (archives du département du Haut-Rhin) on trouve, à la date de 1453, des noms tels que « in Bluenhein velde, zuo Blüenhin, uff den Blüwenhein weg ». Un titre de la colonge de Gundolsheim, de 1531, porte la mention « zwischent Gundeltzhin un Blüwenhin bann » (mêmes archives).

Blidolsheim ou Blidolzheim, près de Bantzenheim. L’état des rentes et revenus de la maison d’Autriche, dressé en 1303 (mêmes archives) cite : « die zwei doerfer ze Blidolezhein un ze Banunhein ». Ne pas le confondre avec Blodelsheim, qui est cité bien distinctement deux paragraphes plus haut dans le même document de Trouillat.

Blienswiller. L’emplacement de ce village, près de la route entre Colmar et Ste-Croix-en-plaine, est encore connu sous le nom de Blieschwihr. On y voit une grande quantité de tuiles (nldr. au 19e siècle). La tradition rapporte qu’il s’y trouvait un couvent de femmes : on croit encore entendre quelquefois leurs voix dans le silence de la nuit.
D’après l’historien Schoepflin, ce village aurait péri pendant la guerre des Armagnacs, au 13e siècle, et le territoire en aurait été réuni, en partie, à celui de Sundhoffen. (Schoepflin-Ravenèz, IV, 181 et 219).

Busenwiller, près de Guebwiller

Bussincourt. Un titre de 1186 signale une église de Bussincort qui, d’après les indications postérieures ajoutées sur le titre même, doit être la même que celle de Habsheim (Trouillat, I, 403). M. Trouillat suppose que c’est le nom français de Habsheim. Peut-être est-ce celui d’un ancien village détruit.

Butenheim, près de Hombourg. Cité, au 15e siècle, comme paroisse du décanat citra Rhenum.

Deinheim, près de Colmar. Autrefois, Deigenheim ou Theigenheim. Ce village appartenait aux comtes d’Eguisheim, puis à l’évêque de Strasbourg qui le céda en 1269 aux comtes de Habsbourg. En 1285, le village fut détruit par les Colmariens lors de la guerre qui les opposa à l’empereur Rodolphe 1er. Acquis en 1319 par la ville de Colmar. L’église du village servit de tour de guet et d’alerte à Colmar durant deux siècles encore. Il y a encore à Colmar un faubourg de Deinheim et la porte de Brisach s’appelait précédemment Deinheimertor.

Dingsheim, près de Ste-Croix-en-plaine. Autrefois Tüngensheim. Village détruit au 15e siècle, pendant la guerre des Armagnacs : le territoire a été réuni à celui de Ste-Croix. Il en est resté une chapelle et une maison d’ermite jusqu’à la Révolution. Au 19e siècle, un tertre peu étendu, à l’endroit dit Dinzenplon, en indique encore l’emplacement.

Dürren-Loglenheim : entre Colmar et Turckheim. A été détruit pendant la guerre de Trente ans. Ce village dépendait du baillage de Wihr-au-Val, seigneurie de Ribeaupierre.

Edenburg, près de Biesheim. Ce village a été détruit pendant le siège de Brisach, en 1638. Les titres l’appellent Oeden-Burckheim. Au 15e siècle, Oedenburgheim était encore cité comme paroisse du décanat citra Rhenum.

Ellenwiller, près de Ribeauvillé. Ellenwiller était voisin de Reggenhausen, autre village détruit, mais plus rapproché de la ville. N’a disparu complètement qu’à la fin du 16e siècle. Un couvent de de religieuses de l’ordre de Saint-Dominique, sis dans le village, a péri en même temps que lui. Hilloneviller, 728 (Als. dipl. I, 9) – Hern Rusheim von Ellenwilre, iq a (ibd. II, 53) – Ellenwihr, 1366 (Mone, Zeitschrift, IV, 660). Paroisse, au 15e siècle du décanat d’ultra colles Ottonis.

Enwiller, cité comme château avec un bourg, entre Schweighausen et Michelbach. En 1187, Anuwirre.

Erbsheim ou Erbenheim : entre Cernay et Aspach-le-Haut. Schoepflin dit qu’il en reste une ferme et une chapelle (18e siècle). Les habitants ont dû se transplanter à Thann, vers 1544.
Erbsheim est nommé Arabacshaim, dans un titre de 784. Un autre titre de 1187 écrit ce nom Herbheim.
Stoffel indique que le ban de ce village est resté longtemps indivis entre les communes d’Aspach-le-Bas et d’Aspach-le-Haut.

Escheltzheim. Escholtzhein est cité dans deux titres, de 1273 et de 1275. Il s’agit d’un village qui est aujourd’hui réuni à celui de Rixheim et non d’Eschentzwiller comme le suppose M. Trouillat.

Feldkirch, près de Wettolsheim. Au 15e siècle, paroisse du décanat ultra colles Ottonis. L’église était dédiée à St-Fridolin et le but d’un pèlerinage fréquenté, lequel fut transféré en 1780 dans le village de Wettolsheim. – Ecclesie parochiali de Weldtkirch, 1319 (Als. dipl. II). – Feldtkirch, 1576 (Speckel) – Velikirch (Cassini).

Girsperg, près de Soultzbach. Etait aussi appelé Geisperg. Cité, au 15e siècle, comme église paroissiale du décanat ultra colles Ottonis.

Hammerstadt, près de Rumersheim (entre Rumersheim et Blodelsheim d’après Stoffel). Au 15e siècle, paroisse du décanat citra Rhenum. – In marca Hamarisstad, 730 (Als. dipl. I, 1 3) – Hamerstat, 1576 (Speckel).

Hauenstein, Höwenstein est cité au 15e siècle, comme paroisse du décanat citra colles Ottonis, entre Gueberswhihr et Hattstatt. C’est encore le nom d’un canton rural à Gueberschwihr.

Hohenkirch, près de Sierentz. L’église qui était située près d’une ancienne route romaine, a été démolie au milieu du 19e siècle.

Kuzenweiler, près d’Ammerschwihr. Etait aussi appelé Katzenbach. A été réuni à Ammerschwihr.

Katzwangen. S’est confondu avec Bennwihr au commencement du 13e siècle. Il reste de ce village une chapelle dite de Saint-Sévérin, vulgairement appelé Sant- Grimmen. Au 15e siècle, Katzwangen était encore cité comme paroisse du décanat ultra colles Ottonis.

Kilchheim. En 1303 est citée parmi les localités de la Haute-Alsace, un Kilchheim, laquelle devait être situé de ce côté-ci du Rhin, vis-à-vis du Kirchen badois, où est aujourd’hui la Rosenau.

Kühhusen, près de Boegtlinshoffen. Künenhusen en 1424 et Künhusen en 1487.

Leberatzwiller. Au 15e siècle, paroisse du décanat inter Colles. La chapelle dite de St-Marc, près de Riedisheim, indique encore l’emplacement de ce village ; des restes de construction y ont été trouvés à différentes époques, et le chemin qui y conduit s’appelle Leibersche-Gasse. La chapelle a été démolie en 1857.

Lengenberg. Au 15e siècle, paroisse du décanat ultra colles Ottonis. C’est encore le nom d’une ferme au-dessus de Voegtlinshoffen.

Lilenselida. Aujourd’hui Holtzwihr. Ce nom se trouve cité dans un titre de 728.

Machtolsheim. Bourcart de Frick cite ce village en 1303. Au 15e siècle c’était encore une paroisse du décanat citra colles Ottanis. (Trouillat, I, p. LXXVII). Schoepflin, (qui appelle ce village Marckolsheim) dit qu’il s’est depuis longtemps fondu dans la ville d’Ensisheim, qui en possède la banlieue.

Mauchenheim, près d’Artzenheim, sur la route du département.

Mersheim. Dans la seigneurie de Landser. A péri dans le 14e siècle.

Meyweyer ou Meywihr. Réuni à Ammerschwihr au 14e siècle. Aussi appelé Minrenwilr ou Minrwilr. Au 15e siècle, Minnwilr est cité comme paroisse du décanat ultra colles Ottonis. Stoffel mentionne que l’église a subsisté jusqu’à la Révolution et que le village était situé au-dessus d’Ammerschwihr.

Mietersheim ou Mütersheim, entre Ensisheim et Munchouse. Appelé Muotheresheim, dans un titre de 1004.

Modenheim. Anciennement Matunheim. (Cité dans cet article de la Revue d’Alsace, Volume 9, p. 508, avec cette mention : « il existe encore une ferme de ce nom près d’Illzach »).

Mutzenwiller. Nom d’un canton rural près d’Eguisheim, cité dans un urbaire de la collonge des Catherinettes de Colmar, en 1514 (archives du Haut-Rhin).

Oberndorff. Cité comme paroisse, au 15e siècle, du décanat inter Colles, entre Habsheim et Eschentzwiller. La tradition, à Habsheim, confirme l’existence d’un ancien village. Stoffel mentionne qu’il se trouvait près de la source Saint-Jean ou Sanct Johannsbrünnlen. – Ouerentorf, 1090 (Trouillat, Monum. II, 7) – In capella de Obrendorf, 1186 (ibid. I) – Ze Oberndorff gelegen pey habechsheim, 1394 (urbaire des pays d’Autriche).

Orzenwiller, près de Thann, cité entre Rammersmatt et Leimbach. Les habitants ont dû émigrer à Thann, vers 1361.
Stoffel cite ce village près de Rammersmatt et Roderen. Jacques d’Otzenwiller, 1368 (Trouillat, Monum. III, reg. 858) – Oczvilr, Oczenwilr, Oczwilr, Otzwilr, Ottenswilr, Ottenczswilr …. (rôles de Saint-Morand).

Osthein, près d’Isenheim. Au 15e siècle, paroisse du décanat citra colles Ottonis.

Oye, près de Belfort. Se trouvait entre Châtenois et Bermont et a été réuni à ce dernier. Stoffel indique qu’il ne reste plus que les dénominations de bois d’Oye, côte d’Oye, champ d’Oye, etc. données à des cantons du finage de Bermont. – Ze Oye, 1350 (urbaire de Belfort) – Ogey, 1396 (urbaire des pays d’Autriche).

Reckwiller, près de Blotzheim. (Stoffel cite : près des Capucins, commune de Blotzheim).

Regenhausen. Entre Hunawihr et Zellenberg, sur le ban de Ribeauvillé. Schoepflin dit qu’au-dessous de la ville il existe un canton du nom de Roggenhausen qui a toujours été distinct du ban de Ribeauvillé, et qui montre entre les ruines d’une chapelle et d’un village détruit depuis plusieurs années. Au 13e siècle, Regkenhusen était encore cité comme paroisse du décanat ultra colles Ottonis.

Ruhunlewa. Cité dans une charte de 1004, entre Ruochsheim et Bernhuson, sur les confins de la Hardt.

Ruochsheim. Cité sous la forme erronée de Buonheim et Buocheim dans des titres de 1004 et 1040.

Sant Michels ban, à Houssen, au 15e siècle

Sant Sebastians ban, Beblenheim, au 16e siècle

Sappenheim. Entre Ottmarsheim et Bantzenheim. A péri avant 1394. Est encore cité, au 15e siècle, comme paroisse du décanat citra Rhenum. Un canton rural appelé Sappenheimerrain indique l’emplacement de ce village.

Schoppenwihr ou Shapenwihr. Au 15e siècle, paroisse du décanat ultra colles Ottonis. Il reste aujourd’hui le château de Schoppenwihr sur la banlieue d’Ostheim.

Sundheim, près de Rouffach. Il s’y trouvait une commanderie de l’ordre teutonique. – Ecclesia dominorum Theutonicorum in Suntheim, 1378 (Annales de Colmar, 7/1). – Sunthein, 1590 (urbaire de Marbach). Au 15e siècle, paroisse du décanat de extra colles Ottonis. La maison de l’ordre teutonique fut transférée à Soultz. Un couvent de femmes qui s’y trouvait aussi fut transféré à Guebwiller vers 1389 (Annales de Colmar).

Surmenza. Villa citée avant Réguisheim et Gundolsheim, dans un titre de 817. Un autre titre de 1183 cite : Capella Sarmenzhe.

Tanwiller. Était situé près de Soultzmatt.

Tiernheim, près de Balgau. A péri avant 1394. Stoffel le situe près de Heiteren et précise qu’il ne reste plus que la chapelle dite Notre-Dame-de-Thinhurst. – Daz torf ze Thiernhein, 1303 (Trouillat, Monum. III, 66) – Wernher der schultheis von Tiernheim, 1316 (Als. dipl. II, 108).

Wihr, village détruit entre Ammerschwihr, Ingersheim et Kazenthal, à l’endroit où se trouve la source de Saint-Dié (Stoffel). Ze Morswilre und ze Wilre, 1498 (Als. dipl. II, 69). Stoffel signale également que c’est en ce lieu que se retira saint Dié, lorsqu’il quitta le tumultum populi.

Willer. Le village de Wiler, situé près de Reichenberg, banlieue de Bergheim, a déjà péri depuis quelques siècles. Cité sous la forme de Weill dans le Malefizbuch d’Oberberheim, fol. 50b. On trouve fréquemment dans les champs et les vignes, près du château de Reichenberg, des restes de fondations, des tuiles et des pierres taillées.

Winigotzhusen. Un urbaire de l’abbaye de Marbach, de 1433, mentionne un Winigotzhusen-burunen, près d’Eguisheim et de Voegtlinshoffen.

Woffenheim. Appelé anciennement Wafenheim. A péri au 15e siècle, pendant la guerre des Armagnacs. Une croix placée entre Ste-Croix-en-plaine et Loglenheim indique encore l’emplacement de ce village (19e siècle). Une chapelle et un ermitage y ont existé jusqu’à la révolution.

Zullhusen, près de Soultzmatt, au 15e siècle.

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Glossaire :
Décanat : Fonction, dignité de doyen. Exercice des fonctions de doyen dans un corps ecclésiastique.
Urbaire : papier terrier (description de tous les héritages, biens féodaux …)
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Sources :

– Revue d’Alsace, neuvième année, édition 1858 (p. 502)
– J. D. Schoepflin, Alsatia illustrat, 1751-1761, – traduction de Ravenèz
http://www.actuacity.com/alsace/
http://patrimoine-de-france.com/haut-rhin/
– Dictionnaire topographique du département du Haut-Rhin, Georges Stoffel 

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