Le comté de Ferrette

Le comté de Ferrette s’étendait sur une grande partie du Sundgau et comportait plusieurs seigneuries : de Ferrette, d’Altkirch, de Thann, de Belfort…

Un comté désigne un domaine féodal au Moyen Âge dont le possesseur a le titre de noblesse aristocratique de comte.
Revenons au comté de Ferrette.

Ce comté tire son nom d’un château du Sundgau qui s’élève sur un rocher entre Bâle et Delle. Quelques documents latins l’appellent Phirrete, Fierritum, Ferreta, mais le plus grand nombre écrivent Ferretoe, Phirretoe. Les Allemands lui donnent le nom de Pfirt et les Français celui de Ferrette. Tant que le comté appartient aux comtes du même nom, les actes publics le qualifient le plus souvent de Dynastia, de Dominium, seigneurie, domaine, Herrschaft ; mais lorsqu’il devient la propriété des ducs d’Autriche, le nom de Comitatus, comté, est plus fréquemment employé.

On rencontre le nom pour la première fois dans une charte de 1125, qui cite un Fredericus de Ferretes.
Dans la charte de fondation du prieuré de Feldbach, rédigée en 1144, il est mentionné que Frédéric, comte de Ferrette (Fredericus, Comes de Firretho), décide que le plus âgé de ses descendants qui résidera dans le château de Ferrette sera l’avoué de ce prieuré.
Ce château fut la vraie et la première résidence des comtes de Ferrette en Alsace et le chef-lieu de tout le comté. Il était d’usage de donner aux comtes, aux seigneurs et aux nobles le nom de leur château ; mais on ne donnait pas aux châteaux le nom des comtes qui les habitaient.

Erigé sur une colline du Jura, le château domine les contrées voisines.
Au commencement de la guerre des Suédois, le feu détruisit la plus grande partie du château. Les murailles, les fossés, les tours, échappés aux ravages de l’incendie, nous font connaître quelle en était l’importance.

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Le comté de Ferrette

Ce serait une erreur de croire que le château de Ferrette a été bâti par Frédéric 1er. En effet, Buchinger, abbé de Lucelle, nous apprend dans son Epitome Fastorum Lucellensium, que l’on trouve le château de Ferrette au milieu du 11e siècle et cite une charte de 1100, par laquelle Etienne, comte de Bourgogne, donne des biens à l’Eglise de Besançon, à la demande de l’archevêque Hugon, son frère, et cette charte est datée : Actum in strata publica, circa castrum Ferretis.
Remarquons, en passant, qu’Etienne et Hugo étaient les frères de la comtesse Ermentrude, mère elle-même du comte Frédéric 1er.

L’ancienne situation géographique et politique du comté de Ferrette était tout autre que celle qu’il présenta lorsqu’il fut soumis à la maison d’Autriche.

A l’origine, il ne se partageait en aucune subdvision, et dans un acte daté de 1271, le comte Ulrich offrit en fief son comté à l’Église de Bâle, et suit l’énumération des châteaux, villes et villages qui le composaient. Ce sont : « le château et la ville de Ferrette, les châteaux de Sogren, de Blochmunt, de Lewenberc, de Morsberc, Liebenstein, le château et la ville d’Altchilche, Ameratswilre, Sphebach, Hohennac, Winnecke, une cour dans Cernay avec ses attenants, tant dans la ville qu’au dehors … les cours de Turlestorff, de Buchswilre, de Ruodensbach, d’Altkilche avec les fermes qui en dépendent, de Sphebach, d’Ameratswilre, de Brunnehoubten, Schweichusen, les villages de Tanne et de Domarkilche, avec les hommes, advocaties, les vignes, les champs… et généralement toutes les choses qui nous appartiennent par droit de propriété, à quelque droit et à quelque titre qu’elles soient énumérées, à l’exception du château de Schonenberg et de la cour de Illevurt. »

Le château et la ville de Florimont (Blumenberg) devinrent vers la fin du 13e siècle un alleu* de Ferrette par droit d’acquisition et passèrent de même, peu après, sous la suzeraineté de l’évêque de Bâle. Et le château et la ville de Delle furent concédés par les princes de la maison d’Autriche à Ulrich II, dernier des comtes de Ferrette.
La seigneurie de Rougemont, que nous trouvons soumise à la maison de Ferrette au moment où elle va s’éteindre et qui lui est advenue on ne sait à quel titre, est toujours restée allodiale.

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Mais de tous les accroissements que reçut le comté de Ferrette, le plus important provint du mariage du dernier comte Ulrich III avec Jeanne de Montbéliard, fille du comte Renaud II de Montbéliard. En effet, Jeanne reçut à la mort de son père toute la seigneurie de Belfort, les terres de Rosemont et d’autres domaines qui se répartissent dans les bailliages de Delle, d’Altkirch, de Thann et dans d’autres encore. Car les Ferrette possédaient dans les propriétés des Montbéliard, comme les Montbéliard dans celles des Ferrette, quelques anciens droits, et avaient ça et là des sujets qui, disséminés dans domaines de leur voisin, finirent par être rattachés tous au comté de Ferrette.

A défaut d’héritier mâle, c’est leur fille, Jeanne (le même prénom que sa mère) qui succéda à la tête du comté en 1324. Peu de temps après, elle épousa Albert II de Habsbourg, dit « le Sage ». C’est la fin des comtes de Ferrette et le comté de Ferrette (le Sundgau de cette époque) entra dans les possessions autrichiennes.

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Armoirie du comté de Ferrette

Les diverses possessions du comté de Ferrette

la Seigneurie de Ferrette : la ville de Ferrette, les six Mairies, la seigneurie de Moersperg et de Morimont, Blochmont – Loewenberg – Liebenstein, ainsi que d’autres fiefs tels Leymen, Waldeck et Reineck, etc…
la Seigneurie d’Altkirch : le château et la ville d’Altkirch, les six Mairies, les fiefs des nobles (Hagenbach, Hirtzbach, Heidwiller, Froeningue, etc…) ainsi que d’autres fiefs comme Carspach, Brunstatt, etc…
la Seigneurie de Thann : le château d’Engelburg, la ville de Thann avec ses privilèges et droits, et quelques fiefs
la Seigneurie de Belfort : le château de Belfort, la ville de Belfort et ses privilèges, le domaine de Rosemont, le domaine de Delle, Florimont, les trois Montreux, etc…

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Glossaire :
Alleu : terre héréditaire libre et franche de toute redevance.
Fief : domaine concédé, au Moyen-Âge, par un seigneur à son vassal.

Sources :
– L’Alsace illustrée ou son histoire sous les empereurs d’Allemagne, Johann Daniel Schoepflin, traduction de Ravenez, tome quatrième.
– L’alsace germanique – Histoire des seigneuries, année 1851.

Photos :
– http://www.lieux-insolites.fr
– isundgau
– wikipedia

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