la Toussaint, autrefois

Fête en l’honneur des saints, la Toussaint se double aussi d’un important culte aux défunts. Cela est si vrai que les deux fêtes sont souvent confondues dans la mentalité populaire : la Toussaint, le 1er novembre (Allerheiliga) et le jour des morts, le 2 novembre (Allerseela).

Le jour de la Toussaint étant férié, il est de coutume de se souvenir des disparus et de leur rendre une visite au cimetière. Les tombes sont soigneusement nettoyées et fleuries par des chrysanthèmes et autres arrangements de plus en plus sophistiqués.

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Halloween, fête venue de l’autre côté de l’Atlantique, est depuis quelques années presque incontournable. Les potirons remplacent les géraniums aux balcons et fenêtres, et les multiples accessoires vendus dans le commerce font la joie des petits et des grands, et, surtout, des commerçants.

Notre région a pourtant de nombreuses coutumes et croyances populaires liés à ces deux jours.

 

Les origines de la Toussaint et du jour des morts

La fête de la Toussaint remonte au 7e siècle de notre ère, lorsque le pape Boniface VI dédicaça l’ancien Panthéon païen dans le vieux Rome à la Vierge Marie et aux martyrs, c’est-à-dire à tous les saints.
Deux siècles plus tard, un des successeurs institua la commémoration festive dans tous l’Occident chrétien.

Quant au jour des morts, il a été introduit par Odilon, prieur de l’abbaye de Cluny en 1048, qui décida qu’après les Vêpres de la Toussaint, serait sonné la cloche des morts et que l’office du lendemain devrait être consacrée entièrement au repos de toutes les âmes.

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Coutumes et autres croyances populaires dans le Sundgau

 

« Das Armenseelenlauten » ou « sonnerie pour les pauvres âmes »

On pensait fermement que pendant le jour des morts, les âmes s’échappaient du purgatoire et regagnaient alors les campagnes.
Aussi, pour marquer cet éphémère retour annuel, le 1er novembre au soir, une coutume voulait que l’on fasse dans tous les villages catholiques, sonner les cloches par les servants de messe, plusieurs quarts d’heure durant après l’office du soir. Pendant la sonnerie, on récitait le rosaire dans les familles en vue de libérer les pauvres âmes (arme Seelen) des souffrances célestes.

La quête pour les pauvres âmes

Annoncés par une clochette agitée trois fois, les servants de messe ou enfants de chœur passaient de maison en maison, afin d’y faire la traditionnelle collecte des victuailles pour les pauvres âmes.
Après avoir récité le Vater Unser (le Notre Père), ils enchaînent avec une formule de quête qui varie selon les lieux.
L’exemple de Tagolsheim est le plus significatif : « D’r heilige Geist fliegt uber’s Hus, gàn de arma Seelluter ebis erus » (l’Esprit Saint vole par-dessus la maison, donnez à ceux qui ont sonné pour les pauvres âmes).
A Roppentzwiller , Hirtzbach ou Carspach, l’appel était très explicite : « Wann’r da arma Seela ebbis gan want, ze gan’s uns, denn mr luta un batta o fir se » (Si vous voulez donner quelque chose aux pauvres âmes des défunts, alors donnez-le nous car nous sonnons et prions pour elles).
Ceux qui restaient alors réticents à faire des dons conséquents aux sonneurs, étaient taxés de pingres et bien souvent la maison était marquée à la craie de trois croix sur la porte.
Œufs, beurre, lard, vin, pommes, noix (et quelques fois de l’argent) étaient également remis aux quêteurs d’un soir, don pour les ancêtres.
Le lendemain, ces victuailles étaient partagées ou mangées en commun, sous l’œil vigilant du curé !
Après le départ des servants de messe, la veillée familiale de prières reprenait avant de s’achever sur l’évocation des anecdotes sur les ancêtres de la famille.

Cette tradition est remplacée actuellement par la quête de bonbons et frandises « Halloween », quête faite par les enfants le 31 octobre au soir et non le 1er novembre.

Betteraves (dourleps) en forme de crâne

Au cours de cette nuit, les jeunes gens plaçaient aux portes du cimetière où régnaient en maître les chrysanthèmes, et dans d’autres endroits de la localité, des betteraves fourragères auxquelles ils avaient donné, après les avoir creusées, l’aspect effrayant d’un crâne humain. (À cette époque, cette coutume était bien implantée dans le Sundgau et bien avant la « fête de Halloween » qui nous re — vient des Etats-Unis !).
De plus, ils mettaient dans la cavité une bougie ou une petite lampe à huile. Ce qui n’avait d’autre but que d’effrayer les jeunes filles de retour des veillées.
On affirmait aussi que celui qui passait près d’un cimetière après l’Angélus du soir pouvait aisément entendre les morts parler…

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Et pour terminer cet article sur la Toussaint, je joins ce dessin si émouvant, trouvé sur Internet (nom de l’auteur ?).

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