Combattre pour la liberté

Aujourd’hui, 11 novembre 2020, nous célébrons la date de la fin de la première guerre mondiale. Qui s’en soucie ? Durant cette période de confinement, avec interdiction de sortir de chez soi sans une autorisation écrite et une bonne excuse, nous oublions l’horreur qu’ont subi « les gueules cassées ».

Avant 1914, c’était la paix. Durant ce début du XXe siècle, les hommes voulaient construire et modeler leur destinée. Ils voulaient partager mieux les richesses du monde.

Il y eut la publication de « La Guerre des Boutons », le passage de la comète de Haley, l’apparition des premières cabines téléphoniques, l’électrification du chemin de fer, les hommes fumant les premières Gauloises et les femmes se libérant du corset métallique !

C’était la paix. La promesse d’une aube nouvelle, l’insouciance de l’été, les champs de blé parsemés de bleuets et de coquelicots qui attendaient la faux du moissonneur.

Les hommes avaient 17, 25 ou 30 ans, portaient les cheveux courts et la moustache. Ils étaient laboureurs, ouvriers, palefreniers, boulangers, bergers, rémouleurs, livreurs, chaudronniers, bourreliers, instituteurs, clercs de notaire, intellectuels, bourgeois, aristocrates…

Et soudain, il y eut des civils, des militaires de carrière, des conscrits, des réservistes, des artilleurs, des marins, des fantassins, des aviateurs, des sapeurs, des brancardiers, des télégraphistes, des infirmiers, des cuistots, des bleus, des rappelés, des permissionnaires… Il y eut soudainement, des soldats !

Ils ont dû quitter leurs familles, leurs fiancées, leurs femmes, leurs enfants. Laissez le bureau, l’établi, le pétrin, la boutique, l’étable et revêtir l’uniforme.

Que ce soit du côté français ou du côté allemand (l’Alsace était allemande depuis la guerre de 1871), le déchirement, la peur et l’horreur furent identiques.

En France, sur 8 millions de mobilisés entre 1914 et 1918, plus de 2 millions de jeunes hommes ne revirent jamais le clocher de leur église. Leurs noms sont gravés dans la pierre froide des monuments aux morts.

Plus de 4 millions d’hommes ne survécurent qu’après avoir subi de graves blessures, , le corps cassé et mutilé, la chair abîmée. Les autres s’en sortirent indemnes, en apparence. Il leur restait le souvenir de l’horreur vécue pendant plus de 50 mois, l’odeur des cadavres pourrissants, l’éclatement des obus, la boue fétide et la vermine dans les tranchées.

Ce qu’on oublie souvent et n’est d’ailleurs pas enseigné dans les écoles, c’est l’état d’esprit de ces pauvres soldats qui, pour la plupart, ne se faisaient aucune illusion sur le fondement réel du conflit, mais qui n’en accomplirent pas moins leur devoir avec un courage surhumain.

Lettre écrite par un jeune homme de 23 ans, en avril 1915.

Mes chers parents,
Si cette lettre vous parvient ça sera que je serai foutu. Je vous prie de ne pas trop vous chagriner. Efforcez-vous de vivre avec mon souvenir et que mon image vous soutienne jusqu’au bout. Je serai allé rejoindre un peu avant vous le pays où l’on n’existe qu’à l’état de souvenir. Efforcez-vous d’entretenir dans ces pensées Émile, mon cher frère : qu’il ne m’oublie pas et je désire qu’il soit fier de moi. Mettez-le au lycée dans une classe de sciences et qu’il fonde une famille afin de conserver notre nom, notre sang et notre souvenir.
En Dieu mes chers parents, soyez bénis. Je vous ai bien aimés beaucoup beaucoup.
Léon-Auguste

–- Pour ceux qui veulent approfondir cette période, 2 liens consacrés à la première guerre mondiale 

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